Article / 25 juin 2019
« Tous les enfants ont du génie, le tout c’est de le faire apparaître. »
Charlie Chaplin
L’enfant est admirable! Dès son plus jeune âge, il découvre ce que la vie lui offre, à travers le prisme de ses sens. Il va dans les endroits les plus improbables, touche et goûte absolument tout, il bouge son corps de mille et une manière, sourit de ses trouvailles, s’émerveille de ce qu’il a déjà vu et croit profondément que tout est possible.
Comme plusieurs mamans sans doute, mille inquiétudes m’habitaient lorsque j’attendais mes enfants. Saurais-je m’y prendre? Arriverais-je à les guider sans ternir leur couleur? Saurais-je les aimer sans les surprotéger? Rien ne te prépare vraiment à être maman. Lorsqu’il arrive, ton enfant dépend totalement de ses parents et aucune recette unique ne peut s’utiliser.
Au fond de mon cœur une seule certitude, il n’était pas question que je transmette mes peurs à mes enfants. Je désirais tant qu’ils puissent croire en leurs rêves et qu’ils les atteignent. Dans mon enfance, bien que je sache que j’ai été aimée, tous mes rêves et aspirations ont été balayés au nom de ma sécurité et de ma protection. J’ai appris à ne plus m’écouter et ai suivi le chemin d’un travail qui m’assurerait cette stabilité financière qui a tant fait défaut à mes parents qui ont connu la guerre et la dépression. J’étais pleine de bonnes intentions, mais il est difficile de faire fi totalement de nos peurs dans l’éducation des enfants.
À l’âge de 6 ans environ, mon ainé m’a donné une excellente leçon. À cette époque, je travaillais plus de 70 heures semaine, ramenait du travail à la maison, j’étais de garde le soir et la fin de semaine… un dimanche soir, la mine déconfite de mon garçon et sa petite voix triste qui me rappelait que je n’avais pas honoré ma promesse de jouer avec lui dans la journée me fit l’effet d’une douche froide. Soudain, mes yeux se sont dessillés et je me suis rappelé la place que devaient occuper mes amours dans ma vie. Dès le lendemain, j’ai demandé un congé de maladie, et plus tard un psychologue a diagnostiqué une dépression majeure. Cela a été une des meilleures périodes de ma vie. J’ai plongé en moi, je me suis découverte et ai commencé à me reconstruire. Retour à l’école et réorientation.
À 7 ans, mon ainé, qui avait des difficultés scolaires, a reçu un diagnostic de dyslexie dysorthographique sévère. J’ai rapidement compris pourquoi le dessin occupait une place aussi importante dans sa vie et que déjà il savait que ce serait sa voie. Dès lors, j’ai mis en œuvre tout ce qui était possible pour moi afin qu’il conserve une bonne estime de lui et qu’il réussisse ses études malgré tout. Je lui ai transmis la croyance que j’avais acceptée lorsque son orthopédagogue m’en avait fait part, soit qu’il devra fournir toujours plus d’efforts que les autres. C’est encore lui qui, à 11 ans, m’a alors fait comprendre qu’il était encore petit et qu’il voulait jouer aussi souvent que les autres, qu’il trouvait difficile de faire autant d’efforts jusque dans les périodes de récréation. J’ai accepté que le rattrapage soit moins intensif. Il m’a également aidé à ne pas en vouloir aux autres enfants qui le mettaient à l’écart et riaient de lui. Il me disait, maman, ils ne savent pas ce que j’ai, c’est tout. Malgré tout, il a réussi à se faire un cercle d’amis impressionnant. Aujourd’hui, il possède un baccalauréat et travaille en animation de jeu vidéo et il vit son rêve pas à pas.
Mon plus jeune aussi m’a enseigné d’importantes leçons. Un être sensible, rêveur et un artiste talentueux. C’est au secondaire qu’il a commencé à se révéler. Tout d’abord dans son cour de musique, puis en acceptant de participer à la chorale de l’école. À chaque concert, c’était une joie de le voir rayonner et de suivre une de ses passions. À l’école, il a aussi découvert sa passion des voyages, que j’ai toujours encouragée. Puis ce fut l’apprentissage du piano et ensuite de la guitare. Il a égayé la maison de ses mélodies, nous permettant de vivre des moments forts agréables, des invitations à prendre le temps.
Hésitant entre sciences et arts, ses croyances lui soufflant que gagner sa vie en tant qu’artiste serait difficile, il a enfin opté pour l’écriture. Adorant la langue française et ayant la plume facile depuis le cégep, il s’est décidé à se lancer en écriture de scénarios, après un détour par les neurosciences. La joie qui fut la mienne lorsqu’il a finalement choisi de suivre son cœur lui aussi est indescriptible.
De plus, entre le cégep et l’université, il a voyagé plusieurs semaines en Europe avec une amie, se permettant de saisir une opportunité au vol. Là encore, il m’a enseigné qu’il était possible d’aller au-delà de nos peurs.
Puis il m’annonçait qu’il s’en allait en appartement bien qu’il fut encore étudiant et qu’il pouvait rester encore à la maison. Au départ, mes propres peurs ont fait obstacle à mon jugement. Puis il m’a impressionnée en m’expliquant qu’il serait bon pour lui de vivre en appartement, car il lui faudrait davantage prendre ses responsabilités et faire face à l’autonomie. J’étais tellement heureuse de l’entendre me confier cela. Il m’a démontré la nécessité de faire face à nos peurs et de se prouver de quoi nous sommes capables. Il y a presque un an déjà qu’il a quitté le nid familial, il passe par des moments plus difficiles mais il persévère et réussit à s’en sortir. Je vois bien à quel point il a augmenté sa confiance en lui et qu’il atteint doucement une belle maturité.
Maintenant, c’est à moi de leur enseigner qu’il n’y a pas d’âge pour oser suivre sa voie et j’espère de tout mon cœur leur donner en héritage la conviction que rien n’est plus fort que notre couleur, notre essence et que nous devons la préserver! Félicitations et merci à mes fils pour m’avoir éduquée eux aussi! Je vous aime tellement tous les deux!
Est-ce que vos enfants vous ont également appris des choses fondamentales qui vous ont permis d’évoluer? Racontez-nous dans la section commentaires.
Publié le 25 juin 2019
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