Article / 13 mai 2019
« Si tu juges les gens, tu n’as pas le temps de les aimer »
Mère Térésa
Je ne sais pas si la peur du regard des autres est la plus répandue chez l’être humain, mais je sais qu’elle touche énormément de gens. Je ne mentirai pas, il m’arrive encore que cette crainte me fasse renoncer à dire ou à faire certaines choses parfois. Avant de poursuivre, je vous présente un court conte que vous connaissez peut-être déjà et qui dépeint une attitude répandue dans notre société.
Le père, l’enfant et l’âne.
Un enfant demande à son père :
– Dis papa, quel est le secret pour être heureux ?
Alors le père demande à son fils de le suivre ; ils sortent de la maison, le père sur leur vieil âne et le fils suivant à pied.
Et les gens du village de dire :
– Mais quel mauvais père qui oblige ainsi son fils d’aller à pied !
– Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison, dit le père.
Le lendemain, ils sortent de nouveau, le père ayant installé son fils sur l’âne et lui marchant à côté. Les gens du village dirent alors :
– Quel fils indigne, qui ne respecte pas son vieux père et le laisse aller à pied !
– Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
Le jour suivant ils s’installent tous les deux sur l’âne avant de quitter la maison. Les villageois commentèrent en disant :
– Ils ne respectent pas leur bête à la surcharger ainsi !
– Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
Le jour suivant, ils partirent en portant eux-mêmes leurs affaires, l’âne trottinant derrière eux. Cette fois, les gens du village y trouvèrent encore à redire :
– Voilà qu’ils portent eux-mêmes leurs bagages maintenant ! C’est le monde à l’envers !
– Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
Arrivé à la maison, le père dit à son fils :
– Tu me demandais l’autre jour le secret du bonheur. Peu importe ce que tu fais, il y aura toujours quelqu’un pour y trouver à redire.
Fais ce que tu aimes et tu seras heureux !
Je me suis interrogée sur ces moments où je suis sensible à l’opinion des autres et ceux où je le suis beaucoup moins, voire pas du tout. Il m’est apparu que lorsque je doute de moi-même, j’ai l’impression que les yeux de tous sont fixés sur moi et qu’ils perçoivent tout ce que je fais de travers. Cependant, dans une situation où je suis en contrôle, je me sens compétente, il me semble qu’aucun regard ne se pose sur moi. Si d’aventure je sens un regard, ce dernier est bienveillant.
Remarquez que je mentionne ma perception des choses, car il m’est impossible de savoir réellement si je suis observée ou non, et même si je le suis, je n’ai aucune certitude sur les pensées qu’ont envers moi les observateurs. À la limite, quelqu’un peut avoir l’air de me regarder et ses pensées ne me concernent pas du tout. Il est également possible que je sois observée et que cette personne juge chacun de mes propos et gestes selon ses propres références.
Le point essentiel, ici, c’est que mes propres perceptions face à moi-même me font douter ou non de mes capacités selon la situation. Lorsque nous agissons dans le doute, sommes-nous à notre meilleur ? Sûrement pas. Le regard que nous posons sur nous-mêmes est le plus important. Si vous êtes incapable de vous voir de manière positive, vous allez agir selon l’idée fabriquée de ce que vous croyez être. Avez-vous une vision bienveillante de vous-même ? Êtes-vous capable de compassion et de pardon envers vous-même ? Vous donnez-vous le droit à l’erreur ? Devez-vous être parfait en tout temps ?
Dans un prochain article, j’explorerai d’autres aspects de la crainte d’être jugé.
Publié le 13 mai 2019
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